On l’oublie parfois un peu mais le contrat AFER Europe permet pour la majorité de ses titulaires (1) d’investir en branche 23, c’est-à-dire dans un nombre (restreint) de Sicav.
En soi, c’est une bonne idée pour diversifier son patrimoine, et ce d’autant que ça ne coûte pas cher puisque le premier arbitrage de l’année est gratuit. Évidemment, on ne s’aventure vers ces terres fluctuantes qu’en respectant son profil d’investisseur. Et c’est justement à ce propos que la récente étude que j’ai publié sur les rendements 2024 d’une trentaine de sicav m’a fait tiquer.
En effet, un profil d’investisseur est censé protéger le citoyen lambda en lui évitant de s’engager dans des Sicav qui ne seraient pas proportionnées à sa situation. En clair, un profil défensif est censé éviter, par exemple, une Sicav à risque 5 (sur une échelle de 1 (risque le plus faible) à 7 (risque le plus élevé).
Faire profil bas ?
Ce principe fait que nombre de profils plutôt défensifs voire conservateurs se retrouvent avec des Sicav (partiellement) obligataires. Or, l’année 2022 a largement montré les limites de l’exercice. Quand les taux montent, les Sicav obligataires se cassent la gueule, il n’y a pas d’autres mots. Mais bon, il faut voir les choses à long terme, et c’est ce que j’ai voulu faire avec le Fonds AFER Patrimoine qui, avec un niveau de risque 3, peut convenir aux profils défensif ou neutre défensifs.
Bien que ce ne soit pas indiqué comme tel dans la documentation officielle, l’objectif de ce fonds lors de sa création était de battre le Fonds garanti d’un ou deux pourcents par an, en moyenne. Objectif raisonnable s’il en est. Or que constate-t-on (voir la ligne bleue foncée ci-dessous) ?
Sur 20 ans, il a progressé de 23,81 %, soit en gros 1 % / an. Inutile de dire que le Fonds garanti, avec ses rendements cumulés a fait largement mieux.
Sur 10 ans, Patrimoine s’en sort à… -1,52 % ! On constatera d’ailleurs à ce niveau que si 2020 et la Covid ont fait mal, le fonds n’a pas encore réussi à rattraper son retard, alors que la très grande majorité des fonds boursiers l’ont fait ! Soyons beau joueur, si on met le curseur à 5 ans au 20 mars, on arrive quand même à 10,19 %, soit 2 % / an. C’est toujours moins que le Fond garanti qui a fait 10,52 % dans le même temps. Finalement, pour être content, il fallait avoir investi fin octobre 2023, auquel cas, le gain aurait été de 10,38 %.
La question qui se pose donc est : faut-il conserver le fonds ?
Il est évident que le passé récent ou lointain ne plaide pas (mais alors pas du tout) en faveur du gestionnaire. Mais le dynamisme actuel permet d’espérer, sans doute des jours meilleurs. À tout le moins, je ne puis que conseiller aux détenteurs de parts de Patrimoine de mettre le titre sous surveillance. Et s’il devait chuter à nouveau, il serait sans doute sage d’envisager une rupture définitive.
(1) Sauf pour les titulaires d’un contrat monosupport.