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Comprendre le règlement SFDR (la durabilité / l’éthique d’un produit financier)

(Explication)

 

Que signifie SFDR ?

Sustainable Finance Disclosure Regulation

 

Qu’est-ce que le SFDR ?

 

La SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) est une réglementation qui vise à promouvoir la durabilité dans le secteur de la finance en Europe. Elle propose notamment une typologie permettant de mieux identifier les actifs relevant de la finance durable, au travers de trois catégories notamment : les articles 6,  8 et 9 de cette règlementation. Elle est entrée en vigueur en 2021 et s’applique à tous les prestataires de services d’investissement (PSI) et aux gestionnaires d’actifs qui fournissent des services financiers dans l’Union européenne. Dès lors, toute Sicav doit dorénavant indiquer de quel article elle relève. Cette information se retrouve dans sa fiche d’information.

 

Articles 6, 8 et 9 du SFDR : Obligations de divulgation

 

Le règlement SFDR définit les exigences obligatoires en matière de publication d’informations ESG auxquelles les gestionnaires d’actifs doivent se conformer. L’objectif est de créer plus de transparence dans leurs stratégies d’investissement et d’éviter le greenwashing et les allégations selon lesquelles les produits sont durables alors qu’ils ne le sont pas en réalité. Selon le système de classification du SFDR, un fonds sera classé comme fonds de l’article 6, 8 ou 9, en fonction de ses caractéristiques et de son niveau de durabilité :

 

  • Article 6 : Fonds sans périmètre de durabilité. En clair, le gestionnaire applique une gestion purement financière.
  • Article 8 : Fonds favorisant les caractéristiques environnementales ou sociales. Le gestionnaire exclut ici des investissements négatifs et applique la technique du « best in class ». Il ne retient dans une classe d’actifs que les meilleurs élèves (durables) de la catégorie.
  • Article 9 : Fonds ayant pour objectif l’investissement durable. Il s’agit ici de fonds dit « à impact », c’est-à-dire favorisant les sociétés dont l’objet social et l’activité apporte une plus-value aux niveaux des objectifs de développement durable de l’ONU.

 

Quelle est la politique de conseil de Ligne Bleue en regard du règlement SFDR ?

 

Actif depuis 1990 dans la finance durable, nous privilégions toujours les Sicav article 9 et 8, par défaut. Nous excluons le travail avec les Sicav article 6, sauf si le client les souhaite.

 

Nos conseils sont toutefois toujours prioritairement orientés en fonction de votre profil d’investisseur. Cela veut dire que pour le respecter, il ne sera pas toujours possible d’opter uniquement pour des articles 9, soit parce que l’offre est insuffisante, voire inexistante, soit parce qu’un produit ne correspond pas au profil.

 

Une dure réalité existentielle

 

Le client doit en effet bien se rendre compte que composer aujourd’hui un portefeuille durable avec des critères (très) stricts et en corrélation avec un profil d’investisseur donné est une tâche parfois impossible à réaliser. D’autant plus que le client pointu voudra vérifier quelles sont les valeurs contenues dans telle ou telle Sicav (c’est une excellente idée), et qu’il pourra se trouver confronté à des questionnements qui pourront s’avérer délicats car insuffisamment documentés.

 

Prenons un exemple pratique pour mieux comprendre. Dans la liste de 10 sociétés ci-dessous, quelle(s) firme(s) auriez-vous tendance à retirer pour arriver à un portefeuille durable qui correspond à vos valeurs ? Vous pouvez en enlever maximum 5. Attention : il y a un piège.

 

Adobe Systems – AstraZeneca PLC – AT&T –  Danone – Ebay Inc. – Henkel – Mastercard – NVIDIA Corp – Procter & Gamble – Toyota

 

Maintenant, comparons votre liste réduite à celle des valeurs “achetables” par le fonds Triodos Global Equities Impact Fund, qui est une Sicav article 9, c’est à dire avec le plus haut standard de qualité dans le choix des valeurs en termes de durabilité. Beaucoup seront sans doute d’accord avec nous pour dire que les critères de sélection du gestionnaire, le Triodos Investment Management, sont parmi les plus stricts du secteur, compte tenu qu’ils émanent d’une banque dont le métier même est la durabilité et qu’on peut difficilement soupçonner de greenwashing, vu son historique.

 

De combien de valeurs la liste ci-dessus a-t-elle été amputée ? En fait, peu importe. Car le piège, c’était de vous dire que vous pouviez retirer jusqu’à cinq valeurs ! En effet, toutes se trouvent dans le fonds Triodos (situation en janvier 2025) !

 

N’oublions pas la théorie de la relativité

 

Peut-on à cause de cela considérer que le gestionnaire fait n’importe quoi, alors qu’il est souvent pris en exemple pour ses modèles de sélection de valeurs ? Évidemment que non. La problématique que nous avons voulu soulever ici est celle de l’information. Elle est forcément restreinte chez le particulier ; elle est énorme chez le gestionnaire qui a accès à des sources financières ou non, et qui a les moyens de les traiter. Autant le particulier se fie-t-il le plus souvent à un sentiment diffus éventuellement auréolé d’un article de presse, autant le professionnel applique une méthodologie stricte basée sur de nombreux critères de sélection.

 

Manger vert, acheter vert ? 

 

Une autre problématique est celle de ce que le client veut, et de ce qui est disponible. Certains souhaiteraient un monde plus vert que vert (ce qui est bien) mais ne se rendent pas compte qu’ils demandent à un gestionnaire d’acquérir des produits qui n’existent parfois pas, ou peu. Le marché est ce qu’il est et certaines valeurs ne sont parfois pas cotées, ou si elles le sont, fluctuent dans un marché trop aléatoire qui déforcera le portefeuille. Et nous ne parlons même pas des valeurs non cotées !

 

Vous aimez votre coopérative locale ? C’est chouette. Mais le gérant du fonds ne peut acheter des parts, la loi (pour des raisons de sécurité) et/ou son objectif d’investissement ne permettent la chose. Et quand bien même, un gestionnaire qui dispose de 100 millions (ce n’est pas beaucoup) va-t-il investir votre argent dans la coopérative alors même qu’il n’aura quasi pas de visibilité ? Et puis surtout, en achetant la Sicav, vous aurez des exigences, notamment celle de la liquidité. Or, vendre une part de coopérative, ce n’est pas la même chose que vendre une action en bourse.

 

Mâchez vert, alors !

 

Du côté des fonds mixtes ou obligataires, c’est pareil : il y a un hiatus entre les désirs et la réalité. Vous voyez que le fonds investi en obligations d’état belge, et vous vous demandez en quoi il est durable ? Vous avez sans doute raison vu qu’un état, c’est l’école, c’est l’hôpital, et c’est aussi l’armée. Mais en même temps, vous investissez dans un fonds d’obligations pour avoir du rendement et une volatilité moindre qu’avec des actions. C’est bien. Mais alors, c’est quoi la solution ? Celle du gérant est généralement de dire que si un état respecte des conventions internationales et applique des politiques durables, au moins partiellement, et que c’est un état de droit, etc., il pourra rentrer dans ses petits papiers. La chose vous déplait ? Il faudra alors ouvrir un compte d’épargne (mais dans une banque durable, s’il vous plait) ou garder votre argent chez vous. En tout état de cause, de notre côté, nous ne pourrons pas vous aider. Mais nous aurons donc fait notre travail en vous présentant les faiblesses de la mécanique.

 

Concluons

 

Pour notre part, nous trouvons à cette méthodologie SFDR plus d’avantages que d’inconvénients et nous n’attendons pas que la balance soit positive à 10/10. Nous préférons investir dans des valeurs qui sont à 8 et qui continuent de progresser. D’ailleurs, il serait dommage d’oublier que la plupart du temps, notre investissement les y pousse.

 

Bref, le beurre, l’argent du beurre, et le sourire de la crémière, nous laissons cela à votre sagacité. 

 

 

 

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